Dérèglement climatique : des alternatives existent > MEDIABASK

Siegrid Dumas octobre 2018

Face à l’accélération du changement climatique et au manque de volonté flagrant des grands dirigeants de la planète pour changer le système, certains pourraient être tentés de baisser les bras. Et pourtant, un mouvement semble être déjà en marche et les alternatives concrètes au changement climatique se multiplient.

Un constat s’impose aujourd’hui : notre modèle de société n’est pas viable et il semble indispensable d’aller vers une société plus soutenable, solidaire et conviviale. A travers son Tour, Alternatiba a mis en exergue de nombreuses alternatives locales qui n’attendent qu’à se multiplier. Les 6 et 7 octobre, de nombreux porteurs de projets seront présents à Bayonne afin de travailler au changement d’échelle de ces initiatives et à leur essaimage sur les différents territoires. Sur l’Hexagone ou au Pays Basque, MEDIABASK a sélectionné quelques alternatives concrètes pour une transition énergétique, écologique et sociale qui ne demandent qu’à se développer.

Située à une centaine de kilomètres de Lyon, la commune de Tramayes est la première collectivité de plus de 1 000 habitants ayant tous ses bâtiments communaux alimentés à 100% en énergie renouvelable. Engagé depuis des années dans la lutte contre le dérèglement climatique, le maire, Michel Maya, soutenu par son équipe municipale et avec l’adhésion de la majorité des habitants, a fait de sa commune un exemple en matière environnementale. Tout a commencé en 2003 suite à une étude réalisée dans le cadre du Plan local d’urbanisme. Soucieuse de l’avenir, la Mairie a souhaité mettre en place des actions concrètes.

La première étape a été la réalisation d’une chaufferie bois et d’un réseau de chaleur. Celle-ci a rapidement été suivie par l’optimisation de l’éclairage public et son extinction de minuit à 6 heures du matin. Actuellement, les travaux du groupe scolaire sont en cours de finalisation de manière à rendre l’ensemble de ses bâtiments à énergie positive. Pour M. Maya, de nombreux projets sont encore à venir. Il indique travailler actuellement au dialogue entre élus urbains et ruraux dans le cadre du Comité de liaison des énergies renouvelables (CLER). L’objectif est de trouver des associations possibles. Il serait par exemple envisagé de placer des éoliennes en milieu rural avec une participation financière du monde urbain qui récupèrerait en retour une partie de cette énergie. « Demain, les territoires ruraux fourniront les villes en énergies renouvelables, dans une logique de cohésion territoriale, comme ils sont aujourd’hui leur pourvoyeur alimentaire » explique-t-il.

Quelque-chose d’autre est possible

Ecologie et solidarité font bon ménage. Du côté du Béarn, le village Emmaüs Lescar-Pau représente un incroyable champ d’expérimentations dans le domaine écologique et sociétal. Dédié au recyclage des déchets de la société de consommation, il est aussi un lieu où chacun trouve sa place et où on lutte contre les inégalités. Cette petite communauté, souvent définie comme utopique, s’applique cependant à démontrer que quelque-chose d’autre, de concret et de collectif, est possible. Le village a été fondé en 1982 et a toujours fonctionné sur le modèle des communautés Emmaüs. Il survit et se développe grâce à l’implication de personnes cherchant à se réinsérer dans la société.

En 1998, suite à l’acquisition de terres en friches, cette microsociété a fait le choix de s’organiser autour d’une ferme où l’on pratique aujourd’hui une agriculture écologique et où l’on favorise les circuits courts. Un véritable succès qui a permis à l’activité de se développer et de s’étendre à la fois au maraîchage, à l’élevage et à l’agriculture, toujours dans le respect des règles de l’agro-écologie et du bien-être animal. Par ailleurs, les mobile-homes dans lesquels vivaient à l’origine les compagnons se sont peu à peu transformés en éco-habitations. Aujourd’hui, le village peut se féliciter d’être devenu la preuve qu’une alternative concrète peut se développer avec succès face au modèle dominant. Il constitue un véritable lieu écologique basé sur la solidarité et la convivialité.

Consommer autrement

Au Pays Basque, les dernières décennies ont été marquées par une prise de conscience écologique et sociale. Les initiatives locales se multiplient et la société se mobilise face à l’arrivée des premières conséquences climatiques liées au réchauffement. La création d’Herrikoa, de l’Eusko, d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG) ou encore d’Enargia, le premier fournisseur local d’électricité 100% renouvelable du territoire, en sont l’illustration même. Au sud de la Bidassoa, des alternatives locales voient aussi le jour.

A Donostia, Saretuz, le Réseau pour une consommation consciente et transformatrice, est soutenu par la Mairie depuis 2011. Il recense sur une carte interactive l’ensemble des commerces équitables et responsables de la ville, que ce soit dans le domaine de l’énergie, de l’écologie, de l’économie solidaire, de l’égalité, ou encore de la culture. Les personnes, collectifs et associations qui le composent, organisent par ailleurs des ateliers afin de favoriser les échanges et l’entraide entre les différents entrepreneurs solidaires. Saretuz a fait le choix de montrer aux citoyens qu’il est possible de consommer autrement et que la consommation responsable peut être à la fois « une stratégie et un outil fondamental pour pouvoir vivre dans une société où la vie est centrale et l’économie à son service. Une société qui serait basée sur la justice, sur l’égalité entre les femmes, les hommes et les communes, sur la solidarité, en équilibre avec la nature, et qui s’appuierait sur l’engagement et la coopération de tous les citoyens ».

Dans un autre domaine, Koop57 veut montrer que les finances peuvent être éthiques et solidaires. Née en Catalogne dans les années 80 et présente dans plusieurs régions de l’Etat espagnol, cette coopérative de services financiers a pour but la transformation de la société et de l’économie. Implantée au Pays Basque Sud depuis 2013, Koop57 a pour fonction de canaliser l’épargne de la société civile pour financer des projets d’économie sociale et solidaire. En travaillant avec d’autres réseaux et organisations, la coopérative a financé au cours de ces dernières années différentes initiatives. Elle a par exemple soutenu l’association Mahatserri dans l’achat d’un local pour ouvrir un espace de restauration et de dynamisation culturelle et sociale dans un des quartiers les plus défavorisés de Bilbo. Les coopératives de travail sont également soutenues par Koop57 en raison de leur forte implantation et de leur forte contribution au développement local des provinces du Gipuzkoa et de Bizkaia.
AINHOA AIZPURU pour Mediabask

 


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