« J’écoute le murmure du monde…
Sur la plage de la Chambre d’Amour. Posé sur la roche, chaude comme ce jour. Les yeux fixant l’océan à travers mes paupières closes. J’écoute le murmure du monde. Il me parle. Dans le ressac des vagues. Dans le picotement des embruns. Dans le cri perçant du goéland. Dans les rires d’enfants…
J’écoute le murmure du monde, autour de moi.
Au cœur de la forêt d’Ascain, le long du ruisseau. Allongé sur la mousse. J’écoute le murmure du monde. Je l’entends respirer avec moi, de son rythme lent. Je le sens dans la moiteur qui m’entoure. Je l’observe dans le tracé d’un scarabée. Dans ce primevère naissant…
J’écoute le murmure du monde, où que je sois.
Sur le sommet de la Rhune, encore essoufflé. J’écoute son doux chant muet. Il chuchote à mon oreille à travers le vent. Le dessin d’un aigle dans le ciel. L’odeur du pottok et la douceur de son œil. Le monde me parle…
Le monde m’adresse son bienveillant murmure où que je sois. Il suffit que je l’écoute. Que je lui offre cet espace en moi.
Marchant sur les bords de Nive au milieu des badauds. Il suffit d’un instant de silence en moi et je l’entends me faire signe d’en haut. Je le vois à travers ce joli papillon qui passe devant moi, je le ressens dans le courant qui joue avec le cormoran…
Le monde s’adresse à moi. Où que je sois. Il suffit que je l’écoute. Que je lui offre cet espace en moi. A peine une seconde, ou deux ou trois…
Et même quand le vacarme gronde, que la vie me prend dans sa valse à mille temps, que je danse au rythme de cette folle ronde. Il est là. Il suffit que je lève un instant le yeux vers le ciel pour qu’il murmure à mon âme. Le temps que je vois filer l’étoile dans un fragment de voie lactée. Savoir que cette réponse m’est destinée.
Le monde s’adresse à moi, me guidant dans mes choix. Sur ma jolie voie il m’accompagne de la sienne. Si je tends l’oreille, si je le tiens à l’œil et le cherche vibrant en moi.
J’écoute le murmure du monde. Il chuchote à mon oreille. Et à la tienne. Si tu écoutes. Disons aujourd’hui et demain, juste quelques secondes. A peine le temps d’une respiration, ou deux, ou trois…
Écoute le murmure du monde. Il parle juste pour toi. Il te parle de toi. Que te murmure-t-il tout bas? »