Aujourd’hui nous rencontrons Elorri Reca, du domaine Bordaxuria « petite ferme blanche » dans le village d’Ispoure.
Du chai, la vue sur le château de Saint-Jean-Pied-de-Port est imprenable.
Cette ville mythique est le passage obligatoire des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle et marque l’étape qui précède l’ascension vers le Col de Roncevaux, qui culmine parmi les sommets les plus hauts des Pyrénées.
Elorri commence par nous expliquer que c’est grâce Ă eux, les pèlerins, que l’appellation Irouleguy s’est crĂ©Ă©. A une Ă©poque oĂą ils Ă©taient très nombreux Ă passer par ici, les locaux ont plantĂ© de la vigne pour abreuver ces marcheurs assoiffĂ©s.
C’était l’âge d’or d’Irouleguy, une Ă©poque oĂą la superficie de l’appellation atteignait 2500 ha. Mais le phylloxera, ce redoutable parasite est passĂ© par lĂ , et le chemin de Saint-Jacques a perdu de l’affluence.
Si bien qu’au début des années 2000, il ne restait plus que 250 hectares de vignes plantés.
L’image du vignoble en a beaucoup souffert, et les vins ont été moqués, mais une poignée de vignerons a repris le flambeau et porte aujourd’hui l’appellation à bout de bras pour lui redonner la place qu’elle mérite.
Elorri est de ceux- là . Le travail est rude, très très rude, et pour en prendre conscience, il suffit de lever les yeux. Les vignes sont plantées en terrasses, sur des pentes tellement raides qu’on oserait pas les descendre en ski.
Les 7 ha en terrasses du domaine s’élèvent devant nous comme un mur, et Elorri nous montre une parcelle au sommet avec 80% de pente.
Pourquoi se donner tant de mal ? Tout simplement parce que la pluviométrie ici atteint des records, et qu’il faut du dénivelé pour que l’eau s’écoule.
On est bien placĂ© pour vous le dire, les 3 jours qu’on passera dans le coin seront pluvieux. La moyenne au Pays-Basque est de 1800mm d’eau par an, contre 1000mm de moyenne en France. Un paradis pour les champignons tels que le mildiou, un vĂ©ritable enfer pour les pauvres vignerons qui doivent lutter pour Ă©viter sa propagation.
Et pourtant, 40% du vignoble d’Irouleguy est en bio. Ça mérite bien une courbette !
Quand Elorri à repris le domaine familial, qui appartenait à son père, la conversion du vignoble en bio était une condition sine qua non. Elle a vu les dégâts que les produits chimiques ont fait sur son oncle, et n’a pas hésité une seconde.
C’est la seule de la famille à s’être orientée vers des études en œnologie. Pendant 6 ans, elle a arpenté la France, travaillant dans le Rhône, en Alsace, dans la Loire, à Bordeaux et ici, à Irouleguy au domaine Arretxea, en bio depuis les années 90.
Dans le Rhône, elle a rencontré son compagnon de vie, Brice, qui travaille également au domaine et exploite deux micro-parcelles en appellation Saint-Joseph et Condrieu.
Alors que nous goûtons les vins du domaine, dans le caveau de dégustation qui borde la maison familiale du côté de son père, Elorri nous coupe des morceaux d’Ossau-Iraty d’une bien belle meule. Sa mère était bergère, et ce sont ses deux sœurs qui ont repris l’exploitation.
Le fromage que nous savourons est de chez eux, plus précisément de la Ferme Larraldea à 20km d’ici. On y produit du saucisson, de l’agneau, du veau, du fromage, du breuil et plein d’autres merveilles. Mais surtout, ce qui est pratique pour le domaine, on y élève de véritables tondeuses sur pattes qui viennent paître ici tout l’hiver. Heureusement, car la gestion de l’herbe avec autant d’humidité, c’est un calvaire.
Nous, on s’amuse Ă penser qu’on est en train de manger le fromage des brebis qui viennent tondre les vignes d’oĂą sont produits les vins que nous sommes en train de boire. La boucle est bouclĂ©e. Il ne nous reste plus qu’à dire un grand merci Ă Elorri pour le temps qu’elle nous a consacrĂ©. Encore un domaine Ă dĂ©couvrir et Ă redĂ©couvrir.
Maxime Petit et Alexis Frenkel
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Cyclovino, voir et boire le monde…
C’est l’histoire de deux meilleurs potes depuis le biberon -Alex et Max- passionnés de vin, de cuisine et de voyage, qui décident un jour de se lancer dans une aventure folle : partir à la découverte des vignobles européens à vélo !
5 mois de randonnée cycliste, 5000km parcourus sur les routes de France, d’Espagne et du Portugal, soit d’innombrables rencontres toutes aussi magnifiques les unes que les autres pour partager la vie de merveilleux vignerons et cidriculteurs nature.
Un passage par le Pays Basque qu’il nous offre en partageant 3 de leurs récits.