« Au pied de la villa Belza, fièrement dressée
Dans la baie de la Côte des Basques,
Deux âmes d’égale dignité nous invitent à méditer…
Une ombre passe sur la surface et imprime sur l’onde sa trace
Celle de la silhouette déployée de l’oiseau
De là-haut, il observe émerveillé, l’aisance du poisson dont il devine les écailles briller dans l’océan.
Il se dit…
Comme il est doux d’être un poisson!
Bercé par une eau vivante, se laissant porter par le courant.
Quelle chance d’évoluer dans un jardin aquatique enveloppant, avec fluidité, capitaine de son âme au gouvernail intégré!
Indolent et vibrant dans un espace amniotique d’infinité…
L’oiseau observe attendri le poisson jouer avec le courant,
Dessiner des formes dans un banc scintillant,
Disparaître un instant, flirtant avec l’abysse
Et réapparaître à l’improviste.
Le poisson entre deux vagues, a repéré son ombre projetée.
Il cherche de son œil rond, l’oiseau dans le ciel envolé.
Derrière le voile flou de la surface il observe, impressionné,
Le gracieux vol du prince des nuées…
Il se dit…
Comme il est doux d’être un oiseau! Planant au dessus des eaux.
Quelle chance de pouvoir s’éloigner vers les crêtes au gré des vents amicaux!
Maître incontesté de sa destinée.
Vivant en ressentant la légèreté d’être en liberté.
Le poisson regarde l’oiseau avec envie.
Dessiner des ronds dans le ciel, sa vie
Jouer à cache cache avec les nuages. Vriller
Jusqu’au ras de l’eau et d’un battement d’aile s’éloigner.
Il l’admire danser sa parade éthérée.
Chacun observe la belle nature de l’autre sans percevoir la sienne.
Trop proche pour être vue, presque déjà oubliée.
Prendre un peu de recul pour se rappeler.
D’emprunter un autre point de vue.
Celui du ciel, celui de l’océan.
Et échanger.
Pour se rappeler.
Sa belle nature. Sa vérité, sa fluidité, sa liberté.
Qu’il est beau et vrai d’être un poisson. Ou un oiseau.
Et ne pas oublier de rêver.
Se rappeler, se réfléchir, se miroiter.
Que tout est possible. Illimité.
Qu’il existe en ce monde des cormorans nageant sous l’océan
Et des poissons-volants,
Co-habitants d’un univers aux infinies possibilités… »